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Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/185

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OBJECTIVITÉ DES PERCEPTIONS SENSIBLES

la considération des parties ou des organes du corps[1], jamais Aristote ne reconnaît à la forme d’existence distincte ou séparée de la matière ; elle est toujours réalisée dans quelque chose ; aussi n’y a-t-il de réel que les individus[2].

L’universel n’est point séparé et distinct des individus[3].

La nature, dit Aristote, peut être envisagée de deux façons, comme matière ou comme forme (ἡ μὲν ὡς ὓλη, ἡ δ’ ὡς μορφή) ; la forme est une fin (τέλος), et tout le reste s’ordonne en vue de la fin οἱ αῑι Ριιῖ (τοῦ τέλους δ̓ ἕνεχα τὰ ἄλλα) : la forme est donc la cause ou le pourquoi des choses et leur cause finale (aïrr ἂν εἴη ἡ αἰτία ἡ οὗ ἕνεκα)[4].

Or dans la psychologie d’Aristote l’âme est la forme du corps : la cause matérielle est le corps ; l’âme est la cause formelle, la cause motrice, la cause finale. Et cela est vrai de l’âme des plantes comme de celles que, en outre de celle-ci, commune à tous les corps vivants, possèdent les animaux. La psychologie d’Aristote comprend en effet les plantes aussi bien que les animaux. Ce n’est que logiquement, non réellement, que ces âmes peuvent être considérées séparément, comme la forme peut l’être de la matière par un semblable artifice. L’âme est ce par quoi nous vivons, sentons, pensons : à Quyn OÈ τοῦτο ᾧ ζῶμευ χαὶ αἰσθαιόμεθα καὶ διανοούμεθα πρώτως[5].

La matière du corps vivant est la puissance (ἡ μὲν ὓλη δυνάμις), c’est-à-dire l’aptitude fonctionnelle à vivre existant comme à l’état latent. Cet état, Aristote l’appelle la première entéléchie ou énergie, c’est-à-dire le plus bas degré d’actualité du corps. Le « vivant » est ce qui résulte de l’union de la matière et de la forme qui l’actualise (τό δ’ εἶδος ἐντελέχεια) : ἐπεὶ δὲ τὸ ἐξ ἀμφοῖν ἒμψυχον. Ainsi Le corps n’est pas l’entéléchie de l’âme, mais l’âme celle du corps ou de la matière. De là la définition célèbre : « L’âme est la première entéléchie ou actualisation d’un corps naturel organisé qui a la vie en puissance » (ψυχὴ ἐστιν ἐντελέχεια ἡ πρώτη σώματος φυσικοῦ δυνάμει ζωὴν ἔχοντος. De an., II, I, 5). Des fonctions de l’âme, c’est-à-dire, on le voit, des fonctions psychiques de la vie, certains êtres vivants n’en possèdent qu’une seule, suivant le Stagirite. Tels les végétaux, auxquels il n’accorde que la nutrition : « Parmi les corps naturels, les uns ont la vie, les autres ne l’ont pas. Ce que nous appelons vie, c’est ce qui possède

  1. De part. an., I, v.
  2. Anal. post. I, XI, I. Εἴδη μὲν οὖν εἶναι, etc.
  3. Met., VI, XVI, 5. Ὥστε δῆλον ὅτι οὐθὲν τῶν καθόλου ὑπάργει παρὰ τὰ καθ’ ἕκαστα γωρίς. Ἀλλ̓οἱ τὰ εἴδη λέγοντες... Cf. ibid., IX, m1 ; XIE, 1x. De an., IL, vin, 3.
  4. ''Phys., I, VII, 7.
  5. De an., II, III, 12.