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Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/20

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LE SYSTÈME NERVEUX CENTRAL

Glossaire, l’interprète par « nerf ». Ces savants égyptologues nous ont édifiés sur la cause de cette confusion ; elle n’en est pas moins instructive : elle explique, entre autres, sans qu’il existe à coup sûr la moindre filiation directe d’idées, l’anatomie aristotélicienne des organes des sensations et de la pensée, et, par delà l’antiquité hellénique, elle persiste, dans le domaine de la physiologie des émotions et des passions, aux XVIe, XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles, jusque chez Bichat, Pinel, Esquirol. La traduction des papyrus médicaux de l’ancienne Égypte nous apprendra sans doute bien des détails d’anatomie que nous ignorons aujourd’hui, encore que les anciens Égyptiens ne doivent pas avoir plus disséqué de cadavres humains que les Grecs ou les Romains. Les embaumements funéraires ne pouvaient pas plus servir à la connaissance scientifique de l’ostéologie, de la myologie ou de la neurologie que l’ouverture des animaux dans les sacrifices ou l’abatage et le dépeçage des bestiaux dans les boucheries. Je relève dans le Glossaire de Stern, les mots utet, cerveau ; aat-t, épine dorsale ; téru, spondyle, vertèbre ; séma, os pariétal ou vertex. Relativement aux oreilles, il est mentionné que les « esprits vitaux » entraient par les deux nerfs qui se rendent dans l’oreille droite et l’esprit de la mort par ceux de l’oreille gauche. Dans le traité de Néb-SéχT, et particulièrement dans celui qui le suit, il est parlé de diverses affections des nerfs, douleurs de tête (11, 41), hémicranie, maladies des vertèbres, paralysies des extrémités, tremblements des doigts et des membres.

Pour Démocrite aussi, pour Héraclite et Empédocle, les sens sont essentiellement des canaux ouverts entre le monde extérieur et le sensorium commune, quelle que soit la localisation de celui-ci. Pour Diogène d’Apollonie, ce sont les veines (φλεϐία) : c’est par ces conduits où canaux que se produisent les sensations, δι’ ὧν αἱ αἰσθήσεις, ainsi que Théophraste s’exprime en parlant d’Alcméon. En d’autres termes, les impressions externes pénètrent jusqu’au cerveau par des voies spéciales, conception d’où sortira la doctrine de la nature spécifique des sens. L’essentiel, dans le phénomène de la sensation, c’est que l’impression soit transmise au cerveau ou au cœur, selon la théorie admise du siège central des perceptions et des pensées. La distinction des sensations et des perceptions nous a déjà paru fondée, chez Alcméon, sur des considérations anatomiques. Le cerveau et les nerfs, par le fait même de leur union, réagissent réciproquement. Les canaux ou conduits sont-ils oblitérés, ou dérangés dans leur origine par la maladie, la sensibilité et le mouvement s’altèrent et se perdent avec la pensée. L’affaiblissement ou la perte des sensations et des perceptions, de cause centrale, ou cérébrale, semble avoir été assez nettement indiqué : « Sous l’influence d’une commotion ou d’un dérangement local de ses parties, le cerveau est privé de l’usage de ses fonctions ;