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Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/29

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PSYCHOLOGIE MORBIDE D’HÉRODOTE

sont nombreuses, ajoute-t-il, les calamités qui atteignent les humains ! » On rapportait en effet que de naissance CamByse avait été affecté de la grande maladie, que quelques-uns nomment la maladie sacrée (ni yxp τινα ἐκ γενεῆς νοῦσον μεγάλην λέγεται ἔχειν ὁ Ἰζαμθύσης τὴν ἱρὴν οὐνομάζουσι τωές). 1 n’était point invraisemblable, remarque Hérodote avec sa pénétration habituelle, que le corps souffrant d’un si grand mal, l’esprit ne fût pas resté ΦἱΠ (τοῦ σώματος νοῦσον μεγάλην νοσέοντος μηδὲ τὰς φρένας ὑγιαίνειν) (1). Le roi de Sparte CLéoOMÈxE était un autre aliéné, « plutôt fou que sensé » (où gpevipne æxpgouauñç te). Rappelé à Sparte par les Lacédémoniens qui lui avaient rendu le pourvoir, une sorte de délire furicux envahit bientôt CLéoOMÈNE, qui était un ancien aliéné (éréhxée μανίη νοῦσος, ἔοντα καὶ πρότερον ὑπομαργότερον). Λἰπαῖ, il frappait de son sceptre au visage tout Spartiate qu’il rencontrait. Lorsque ses proches le virent sc comporter de la sorte, et qu’il fut constant qu’il était tout à fail fou (rxpaæppoviozxvtz), il l’attachèrent et lui mirent des entraves de bois (£ônoav oi nsooixovres Ëv EUAw). CLÉOMÈNE, ainsi attaché, remarqua un jour qu’un seul gardien avait été laissé, les autres étant partis ; il demanda à cet homme son coutclas (uéyetpx) Le gardien d’abord refusa ; mais il lui fit de telles menaces pour le temps où il scrait délivré que l’homme, épouvanté (c’était un Hilote), lui tendit le couteau. CLÉOMÈNE saisit ce fer et il commença par les jambes à se mutiler lui-même, en se coupant les chairs dans toute leur longueur ; des jambes, il passa aux cuisses ct des cuisses aux aines οἱ aux lombes, parvenu au ventre il se coupa par morceaux les entrailles (xxrayoe- 8etwv). Cetie mort affreuse, témoignant d’unc analgésic profonde, ct dont on connaît tant d’exemples chez les déments paralytiques entre autres, les Grecs l’attribuèrent à plusieurs causes surnaturelles, à des sacrilèges, etc. « Mais les Spartiates eux-mêmes rapportent que nulle divinité n’égara sa raison, mais qu’en fréquentant les Scythes il devint ivrogne et que son délire fut l’effet de ces habitudes (axpnrondrnv yevéoOat mai x roûrou pavivar). » Des Scythes, en cet, après l’invasion de Darius, étaient venus à Sparte pour conclure une alliance : tandis qu’ils tenteraicnt d’entrer en Médie, les Spartiales, partis d’Éphèse, devaient aller à leur rencontre et marcher avec eux contre la Perse. C’est durant le séjour de ces nomades à Sparle que CLÉOMÈNE aurait appris à boire du vin non mélangé (xiv axpnrorcotnv) ; voilà, au dire des Lacédémoniens, ce qui avait fail perdre au roi la raison (uavivai). CLÉOMÈNE étail devenu alcoolique.

HéRoDOTE a recueilli le dicton que répétaient les gens de Lacédémone quand ils voulaient boire du vin pur : « boire comme des Scythes. » Outre que ce dicton doit être plus ancien chez les Grecs que la mort de Cléomène, il paraît bien plutôt avoir donné naissance à la légende, comme il arrive, qu’être né d’un événement historique, encore que CLÉOMÈNE ait bien pu être alcoolique. Mais c’est le cas de se rappeler, avec le mot de LasÈGuE, la mention expresse faite, à plusieurs reprises, de la faiblesse ou plutôt du dérangement d’esprit, de la véritable aliénation mentale, de CLÉOMÈNE, datant de sa jeunesse. Aussi HÉRODOTE ne (1) Héaon., II, 33