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Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/28

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LE SYSTÈME NERVEUX CENTRAL

veuses sont faites de main de maitre. En rapportant les histoires de ce genre, il réfléchit et médite. Après avoir récueilli les témoignages, il les juge en crilique sagace et pénétrant, et, presque toujours, il réforme les diagnostics. 11 n’argumente pas ; il se borne à indiquer, d’un trait sobre et discret, d’une finesse peut-être un peu ironique, l’interprétation probable ou vraisemblable.

« Les femmes d’Argos ayant été a/leinles de folie, les Argicns allèrent demander à MÉLAMPE, en lui offrant une récompense, de quitter Pylos el de venir délivrer leurs femmes de cette maladie. Mécampe demanda la moitié du pouvoir royal. Les Argiens ne purent supporter une telle prétention ; ils partirent ; mais comme les femmes lombaicnt en beaucoup plus grand nombre dans la folie (éuzivovro), alors ils cédèrent : ils retournèrent donc auprès de Mézawpe ct lui accordèrent ce qu’il avait demandé ; mais, les voyant changés, celui-ci convoila davantage, ct déclara qu’ils n’auraicnt’ rien à espérer de lui s’ils ne donnaient à son frère Bras le tiers de la royauté. Les Argicns, contraints par la nécessité, passèrent par loutes ses conditions » (1).

Cette épidémie de délire qui sévit à Argos d’abord sur les filles du roi des Argiens, et qui s’étendit ensuite à d’autres femmes de la ville, était évidemment de nature hystérique, car le devin MÉLAMPE en triompha par des prières et des sacrifices, des incantations et des lustrations, et, au rapport d’HÉRoDoTE, l’eau des fontaines servait pour les lustrations. Voici du reste le récit de l’historien PHÉRÉCYDE, venu jusqu’à nous dans un fragment où le caractère contagieux du mal perce d’une manière significative et se dégage assez nettement du contexte.

Les filles des Proeos, roi des Argiens, Lysippe et Iphianasse, avaient dans un accès de légèreté juvénile gravement péché envers Iléra. Étant venues dans le temple de la déesse, elles s’étaient prises à railler, disant que la maison de leur père était beaucoup plus riche. Je croirais volontiers que, comme l’explique l’éditeur de ce vieux texte, Müller, les Prœtides avaient surtout ri, en contemplant leur beauté, de l’antique ct vénérable idole de bois de Héra. Quoi qu’il en soit, cette insolence leur atlira une maladie qui les rendit folles. « Le devin Mélampe promit de les guérir toutes, s’il recevait un prix digne d’une pareille cure, car il y avait alors dix ans que la maladic durait, apportant des souffrances qui n’avaient pas seulement frappé les jeunes filles, mais s’étaient aussi étendues à leurs proches (&hA& xai Toïs yeyevvnxôctv). Le roi promit donc au thaumaturge de lui donner et une partie de son royaume, et une de ses filles en mariage. Mélampe, ayant apaisé Héra par des prières et des sacrifices, guérit la maladie (ixoxto tv vosov) et pril en mariage Iphianassa, prix de sa cure médicale » (2).

HÉRODOTE, parlant des accès de délire furieux (é£s4r) auxquels était sujet 19 roi de Perse CAMBYSE, se demande quelle en était la cause, « tant (1) Hénon., IX, 34.

(2) Pasnecynis Fragmenta, 24. Fragm. historic. graec. Paris, 1853, I, 54.