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Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/382

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LE SYSTÈME NER VEUX CENTRAL

nerfs auditifs {nervt auditorii) passant aux deux côtés de la tête et allant s’implanter dans les organes périphériques de l’ouie. Mais c’est proprement de ce que VaroLt appelle pont du cervelet (pons cerebelli) que ces nerfs « émergent ». Il déclare ne pas répugner a l’idée que, comme les nerfs optiques, les nerfs acoustiques s’unissent ; c’est dans le pont que se trouverait réalisé, en cette hypothèse, cette manière de chiasma des nerfs auditifs, ce qui expliquerait l’unité des sensations du son en dépit de la dualité de leur origine (r). Les deux nerfs auditifs sortent donc latérale-

  • ment du pont ; du milieu du pont, entre chaque nerfs auditif, sortent les

nerfs du goût. Car le cervelet cst le principe de l’audition et de la gustalion, comme le cerveau est celui de l’audition et de l’o/faction. Le cerveau et le cervelet sont à la fois le principe mixte du cinquième ordre de sensations, le toucher. Mais, comme le foucher, en tant qu’il exerce la fonction délicate du tact, est une passio, il dépend plus du cerveau que du cervelet ; la motilité, au contraire, en tant qu’actio, émane plutôt du cervelet que du cerveau : quod enim molhius ad patiendum promptius ; quod vero durius ad agendum praestantius existit. Or comme les parties qui sentent sont plus nombreuses que celles qui sont mues, il en résulte que le cerveau est beaucoup plus volumineux que le cervelet. VaroLi démontre aussi pourquoi le cerveau, organe de la vue par excellence, devait être situé au-dessus du cervelet, organe de l’ouic.

Nous avons dit que les nerfs du goût, c’est-à-dire destinés à la langue, organe du goût (sensorium particulare gustus), sortent du pont entre les nerfs acoustiques. Cela expliquerait, écrit VaRoLI, pourquoi les muets sont sourds, puisque les nerfs des oreilles et ceux de la langue naissent de la même origine, encore qu’il soit naturel d’admettre, se hâte-t-il d’ajouter, qu’un sourd de naissance soit demeuré muet sans qu’il ait existé de lésion des nerfs de la langue, et cela d’autant plus que nombre de mucts perçoivent très bien les saveurs et remuent facilement la langue en tout sens, quoiqu’ils ne parlent pas du tout. Car il est impossible d’apprendre un idiome ou d’en créer un nouveau sans le sens de l’ouïe. C’est donc au cervelet que les saveurs arrivent par les nerfs de la langue et qu’elles y sont perçues, comme les sons.

Jean Fernel (1485-1588), dont la pensée et l’expression sont d’une clarté et d’une simplicité vraiment classiques, est un disciple de PLAToN et d’ÉRASISTATE égaré à la cour de Henni II. Les trois âmes habitent tou- (1) Quod si quispiam diceret, conjunclionem nervorum auditus in ponte cerebelli esse in causa, quod sonus apprehendatur sub ralione unius, non duorum, juxta dualitalem organorum (sicut de conjunclione opticorum dicunt), ego non improbarem, p. 26.