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Page:Souvenirs d'enfance de Sophie Kovalewsky.djvu/59

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IV

NOTRE VIE DE CAMPAGNE


L’horloge de la chambre d’étude sonne sept heures. J’entends, malgré le sommeil, les sept coups répétés ; ils suscitent en moi la triste conviction que ma femme de chambre, Douniacha, va venir me réveiller ; mais je suis encore délicieusement engourdie, et je cherche à me persuader que ces terribles sept coups sont un effet de mon imagination. Je me tourne de l’autre côté, m’enveloppant plus étroitement de mes couvertures, pour jouir des dernières précieuses minutes de cette précaire béatitude, car je sais bien qu’elle va cesser.

Effectivement voici la porte qui grince ; j’entends le pas pesant de Douniacha, qui entre dans la chambre, avec une charge de bois pour le poêle. Vient ensuite la série des bruits familiers qui se répètent chaque matin : les bûches jetées à terre, les allumettes qu’on frotte, le pétillement des copeaux, le murmure et le bruissement de la flamme. J’entends ces sons bien