Page:Souvestre, Laurens de la Barre, Luzel - Contes et légendes de Basse-Bretagne.djvu/124

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— Marraine, dit-il, l’eau est trop profonde et moi je suis trop court.

— Eh bien ! allonge-toi, dit la fée.

En effet, Hok se laissa couler, couler toujours, toujours, car c’était un puits de l’enfer, et sa tête restait toujours au dessus de l’eau. Enfin, ses pieds touchèrent le fond du gouffre.

— Marraine, dit-il, je sens une grosse anguille sous mes pieds.

— Apporte-la, dit la fée, c’est elle qui a avalé ma bague ; et remonte de suite.

Crac ! On vit tout à coup Hok sortir du gouffre noir comme un arbre énorme, et il montait toujours, toujours.

— Marraine, dit une voix qui venait des nuages, ne m’arrêterez-vous pas ?

— Tu n’as qu’à dire assez, mon garçon, et ta croissance s’arrêtera.

— Assez ! hurla Hok d’une voix de tonnerre…

Et à l’instant on le vit se raccourcir et puis se mettre à genoux pour embrasser sa jolie tante et lui passer sa bague au doigt.

Par malheur pour nous, Hok, dans sa joie, oublia de boucher le Trou du Diable. On ne le sait que trop en ce monde, hélas ! — Hok s’en retourna chez son père qui, le voyant déjà grandi de