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trois pieds depuis le jour de son baptême, pensa qu’un tel garçon serait fort coûteux à nourrir à ne rien faire… Oui, Hok ne voulait rien faire, si ce n’est courir les aventures, se battre et se marier le plus tôt possible.

Se marier à cet âge ! Y pensez-vous ?…

En effet, en quittant Huelgoat, notre jeune géant avait d’abord eu l’idée d’emporter sa petite tante sous son bras ; mais la fée, qui était sage (chose rare en vérité), lui avait fait comprendre que ce n’était pas convenable à son âge et qu’elle ne voulait être sa femme que quand il aurait accompli au moins trois prouesses, ce qui lui serait facile, vu qu’elle lui avait donné le secret de s’allonger à volonté.

La découverte de la bague pouvait compter pour une prouesse, restait deux. — Et voilà ce qui tourmentait notre grand bébé, déjà rempli d’ambition.

Hok, dans son impatience, ne faisait guère que courir par monts et par vaux ; dans ses moments perdus (et c’était l’ordinaire) il s’amusait, au lieu d’aller travailler comme un bon journalier, à faire des tas de terre et de cailloux, à la manière des enfants. Si bien qu’un jour que la besogne lui plaisait, il acheva de construire la montagne d’Arhez, depuis Saint-Cadou jusqu’à Berrien. Il y planta même le Mont Saint-Michel, d’où il apercevait