Page:Souvestre, Laurens de la Barre, Luzel - Contes et légendes de Basse-Bretagne.djvu/159

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passer par dessus leurs têtes une grande jambe, avec des bottes énormes, ils se dirent : Voici le géant ! et ils se cachèrent sous une grande pierre qui se trouvait près de là, et Goulaffre passa sans les voir. Quand ils le crurent loin, ils sortirent de leur cachette et poursuivirent aussi leur route. Vers le coucher du soleil, ils arrivèrent sur une grande lande parsemée d’énormes blocs de granit, isolés ou entassés les uns sur les autres. Parmi ces derniers, ils virent deux grandes bottes, puis, plus loin au fond d’une grotte sombre, quelque chose de rouge et de brillant, et qui ressemblait à ces anciens carreaux de fenêtre qu’on nommait œils-de-bœuf.

Ils s’approchèrent, sur la pointe des pieds, et ils reconnurent que c’était Goulaffre qui, fatigué de sa poursuite, s’était arrêté là pour se reposer un peu. L’objet rouge et brillant qu’ils apercevaient au fond de la grotte, c’était son œil unique. Il dormait profondément. Ils restèrent quelques minutes à le considérer, puis Allanic dit :

— Si nous pouvions lui enlever ses bottes de sept lieues ! alors nous nous moquerions de lui.

— Oui, mais s’il se réveille ? répondit Fistilou.

— Il dort trop bien pour cela ; écoute, comme il ronfle, essayons pour voir.