Page:Souvestre, Laurens de la Barre, Luzel - Contes et légendes de Basse-Bretagne.djvu/176

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

la reine et lui priaient Dieu tous les jours de leur accorder un fils. Leurs prières furent enfin exaucées, et il leur naquit un fils, un fort bel enfant.

Le vieux roi mourut bientôt après, après avoir marié sa fille à un roi puissant ; et la reine aussi ne tarda pas à le suivre. Le jeune prince, nommé Jean, devait monter sur le trône à l’âge de vingt et un ans ; mais, en attendant sa majorité, sa sœur et son mari étaient investis de l’autorité souveraine. La naissance du prince avait contrarié les projets ambitieux de sa sœur ; aussi lui témoignait-elle peu d’affection. Elle le relégua chez un fermier, à quelque distance de son palais, et elle allait assez rarement le voir. Cependant le jeune prince grandissait ; le fermier l’aimait comme son fils, et il se trouvait chez lui aussi bien qu’à la cour, et peut-être mieux. Un jour sa sœur vint le voir, et remarquant comme il avait bonne mine et promettait d’être fort et vigoureux, elle s’en effraya, et dit au fermier que s’il voulait le faire mourir, elle lui ferait don de la ferme, une ferme magnifique. Le fermier promit ; mais il n’eut jamais le courage de mettre sa promesse à exécution. Il jura pourtant qu’il l’avait fait.

Le jeune prince, déguisé à partir de ce jour en petit pâtre, allait avec les jeunes pâtres de la ferme garder les moutons sur la lande, et il y prenait grand plaisir, chantant et jouant avec eux, et