Page:Souvestre, Laurens de la Barre, Luzel - Contes et légendes de Basse-Bretagne.djvu/210

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gent ; l’eau, c’était l’or et l’argent ; et ce beau miroir — car c’en était bien un — c’était notre fille et son ravisseur !… Il faut que j’aille, à présent, avec toi, car tu ne fais que des bêtises !

Et les voilà de partir tous les deux ensemble.

— Regarde derrière toi, dit la jeune sorcière à Pipi ; ne vois-tu rien venir ?

— Si !

— Que vois-tu ?

— De la fumée et du feu, plein le chemin !

— Ah ! c’est ma mère qui vient à présent, avec mon père ! Cette fois, nous aurons plus de peine à nous tirer d’affaire. Nos chevaux et nos mulets vont être changés en pont ; l’or et l’argent, en rivière ; toi, en saule, au bord de la rivière, et moi, en anguille, au fond de l’eau. Ma mère ne sera pas aussi facile à dérouter que mon père, et il me faudra lui livrer un combat terrible ; mais si nous l’emportons, nos peines seront finies, et ils n’auront plus aucun pouvoir sur nous.

Et aussitôt, voilà une rivière, un pont sur la rivière, un saule au bord et une anguille au fond de l’eau. Le sorcier et la sorcière arrivèrent, avec un vacarme épouvantable. La sorcière, qui était sous la forme d’une flamme, reconnut sa fille, devenue anguille au fond de l’eau. Elle se changea aussitôt