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en une grosse truite, pour la poursuivre, et voilà un combat terrible entre la mère et la fille. Le vieux sorcier, qui était arrivé sous la forme de fumée, reconnut le ravisseur de sa fille, devenu saule, et il se changea en cognée pour frapper le saule. Mais la cognée ne put l’entamer, et, à chaque coup, elle rebondissait et s’émoussait. C’était son petit livre qui protégeait encore Pipi.

Le combat entre la truite et l’anguille fut long et avec des chances diverses. Mais l’anguille finit par enlacer si fortement la truite, qu’elle allait l’étouffer, si elle ne se fût avouée vaincue.

Alors le vieux sorcier et la vieille sorcière s’en retournèrent chez eux, sous forme de fumée et de flamme, avec un bruit épouvantable, au milieu du tonnerre et des éclairs et en maudissant leur fille.

Pipi, la jeune sorcière, les chevaux et les mulets chargés d’or et d’argent, ayant repris leur forme première, continuèrent leur route, tranquilles et sans aucune inquiétude désormais.

Pipi conduisit la jeune sorcière chez son père et sa mère. Ceux-ci ne le voyant pas revenir, portaient déjà son deuil, car ils le croyaient au pouvoir du diable. Grande fut leur joie, vous pouvez le penser, de le revoir. Avec l’or et l’argent dont étaient chargés les mulets, ils étaient maintenant riches comme des princes, et un beau château s’éleva bientôt à la place où était auparavant leur pauvre chaumière.