Page:Souvestre, Laurens de la Barre, Luzel - Contes et légendes de Basse-Bretagne.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

posés. Mais un index placé à la fin des Contes populaires de Basse-Bretagne, et où sont mentionnés, avec les types, les incidents et les traits caractéristiques des récits épars au cours des trois volumes, permet de s’orienter à un point de vue beaucoup plus large encore.

L’esprit documentaire, en M. Luzel, l’emporte sur l’esprit critique. À la suite de certains contes et principalement de certaines légendes, on trouve néanmoins de brèves notices sur les rapprochements à établir. Dans les Veillées bretonnes, le plus touffu de ses ouvrages, l’auteur a essayé, pour rajeunir la mise en scène imaginée par Souvestre et continuée par du Laurens, d’installer au coin du foyer la science qu’il a personnifiée en se déguisant sous le masque de Francès. Entre les récits et les chants, les conteurs cherchent à expliquer les traditions ; Francès parle du Mahabharata, à l’instar de Saint-Réault citant les Oupanischas et les Paranas dans le Monde où l’on s’ennuie. Cela peut être instructif pour le lecteur ; mais le procédé semble forcé. M. Luzel s’en est rendu compte d’ailleurs, et la Veillée bretonne qui sert d’appendice aux Légendes chrétiennes, présente un tableau superstitieux d’autant plus véridique et plus vivant que toute importation en est bannie. L’élément critique a au contraire une place naturelle dans les préfaces des Contes bretons, des Légendes chrétiennes et des Contes populaires. Mais M. Luzel ne s’y aventure qu’avec une extrême prudence ; ses penchants de début vers l’explication des mythes par le système du fonds commun traditionnel, puis par la doctrine météorologique se résument, à leur dernier état, en un véritable éclectisme, qui n’exclut ni la théorie philologique, ni l’interprétation historique. Réserve des mieux justifiées assurément, en présence des excès préconisés et des erreurs commises par les maîtres mêmes de la critique contemporaine.

Peu d’entre eux pourraient se vanter d’y échapper, l’éminent auteur de la belle étude sur la Poésie des races celtiques non plus que les autres. Un jour que je relisais ses Souvenirs d’enfance et de jeunesse, mes yeux se sont arrêtés à la page charmante où il rappelle une ingénieuse fiction de M. Quellien, « le