Page:Souvestre, Laurens de la Barre, Luzel - Contes et légendes de Basse-Bretagne.djvu/37

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Finesses de Bilz : ce sont d’amusantes nouvelles et rien de plus. Le conte, modifié par l’invasion de la légende, est encore de beaucoup la forme la plus commune dans la littérature de Basse-Bretagne. De là, pour la science, un double élément d’information : l’idée traditionnelle peut être ainsi étudiée en tant qu’évolution et en tant qu’âge.

Quand le christianisme pénétra dans les Gaules, il eut à soutenir contre les croyances
Le menhir de Brignogan.
antérieures une lutte qui dura plusieurs siècles avant la victoire définitive. Cette lutte fut diversement engagée pour le dogme religieux et pour le culte pratique. Le dogme était réfractaire à toute espèce de transaction, mais non le culte ; et les lettres des premiers évêques démontrent que l’Église usa d’une extrême souplesse dans les détails de l’évangélisation. Pour ne pas faire violence aux sentiments populaires, elle laissa subsister les coutumes superstitieuses contre lesquelles ses efforts auraient échoué ; mais elle se les appropria en les sanctifiant. Le culte des fontaines, des arbres, des pierres, continua d’exister sous la réserve de vocables nouveaux substitués à ceux du paganisme, et l’alliance des deux idées fut si heureuse que, loin d’avoir été entamée, elle ne semble pas près de s’éteindre. C’est ainsi que, dans la Basse-Bretagne, toutes les fontaines portent des noms de saints, que les vieux chênes isolés abritent de leur tronc vénérable une statuette informe, et que la croix surmonte plus d’un menhir. Il en fut de même pour bien des contes que l’on baptisa : du roi on fit le bon Dieu ; de la fée, la sainte Vierge ; du mauvais génie, le diable ; et du bon