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ÉMILE SOUVESTRE.

Bellah qui vannait du blé dans l’aire, et lui annonça qu’il voulait partir pour chercher fortune.

La jeune fille fut bien affligée à cette nouvelle, et fit tout ce qu’elle put pour le retenir ; mais Houarn, qui était un garçon résolu, ne voulut rien écouter.

— Les oiseaux, dit-il, vont devant eux, jusqu’à ce qu’ils aient rencontré un champ de grain, et les abeilles jusqu’à ce qu’elles trouvent des fleurs pour faire leur miel ; un homme ne peut avoir moins de raison que des bêtes volantes. Moi aussi, je veux chercher partout ce qui me manque, c’est-à-dire le prix d’une vache et d’un pourceau maigre. Si vous m’aimez, Bellah, vous ne vous opposerez pas davantage à un projet qui doit hâter notre mariage.

La jeune fille comprit qu’elle devait céder, et quoique le cœur lui tournât, elle dit à Houarn :

— Partez, à la garde de Dieu, puisqu’il le faut ; mais, avant, je veux partager avec vous ce qu’il y a de meilleur dans l’héritage de mes parents.

Alors elle conduisit le jeune garçon à son armoire et en tira une clochette, un couteau et un bâton.

— Ces trois reliques, dit-elle, ne sont jamais sorties de la famille. Voici d’abord la clochette de saint Kolédok ; elle a un son qui se fait entendre, quelle que soit la distance, et qui avertit nos