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LA GROAC’H DE L’ILE DU LOK

amis des périls que nous courons. Le couteau a appartenu à saint Corentin, et tout ce qu’il touche échappe aux enchantements des magiciens ou du démon. Enfin, le bâton est celui que portait saint Vouga, il vous conduit où vous voulez aller. Je vous donne le couteau pour vous défendre des maléfices, la clochette pour me faire connaître vos dangers, et je garde le bâton pour vous rejoindre si vous avez besoin de moi.

Houarn remercia sa promise, il pleura un peu avec elle, comme il le faut toujours quand on se sépare, puis il s’en alla vers les montagnes.

Mais c’était alors comme aujourd’hui ; et, dans tous les villages où il passait, Houarn était poursuivi par des mendiants qui, parce que ses braies étaient entières, le prenaient pour un seigneur.

— Par ma foi, pensa-t-il, ceci est un pays où je vois plus d’occasion de dépenser que de faire fortune : allons plus loin.

Il continua donc, en descendant, jusqu’à la côte, et arriva à Pont-Aven, qui est une jolie ville bâtie sur une rivière bordée de peupliers.

Là, comme il était assis à la porte de l’auberge, il entendit deux saulniers qui causaient en chargeant leurs mules et parlaient de la Groac’h de l’île du Lok. Houarn demanda ce que c’était ; ils lui répondirent que l’on donnait ce nom à une fée qui habitait le lac