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ÉMILE SOUVESTRE.

Le Léonard fut tout saisi de ce qu’il entendait. Lui, se marier à la Groac’h qui lui semblait si belle, dont le palais était si riche et qui avait de huit espèces de vins qu’elle laissait boire à discrétion !… Il avait, à la vérité, promis à Bellah de l’épouser ; mais les hommes oublient facilement ces espèces de promesses : ils sont, pour cela, comme les femmes.

Il répondit donc poliment à la fée qu’elle n’était pas faite pour qu’on la refusât, et qu’il y avait joie et honneur à devenir son mari.

La Groa’ch s’écria alors qu’elle voulait préparer, sur-le-champ, le repas de la velladen. Elle dressa une table qu’elle couvrit de tout ce que le Léonard connaissait de meilleur (outre beaucoup de choses qu’il ne connaissait pas) ; puis elle alla à un petit vivier qui était au fond du jardin, et elle se mit à appeler :

— Eh ! le procureur ! eh ! le meunier ! eh ! le tailleur ! eh ! le chantre !

Et, à chaque cri, on voyait accourir un poisson qu’elle mettait dans un filet d’acier.

Lorsque le filet fut rempli, elle passa dans une pièce voisine et jeta tous les poissons dans une poêle d’or.

Mais il sembla à Houarn qu’au milieu des pétillements de la friture, de petites voix chuchotaient.