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LA GROAC’H DE L’ILE DU LOK.

— On m’appelle Houarn, répondit le Léonard. Je viens de Lanillis, et je cherche de quoi acheter une petite vache et un pourceau maigre.

— Hé bien ! venez, Houarn, reprit la fée, et ne vous inquiétez plus de rien, car vous aurez tout ce qui pourra vous réjouir.

Elle l’avait fait entrer dans une seconde salle tapissée de perles, où elle lui servit de huit espèces de vins, dans huit gobelets d’argent sculptés. Houarn but d’abord des huit vins, puis il les trouva si bons, qu’il en rebut huit fois de chacun, et, à chaque coup, il trouvait la Groac’h plus belle.

Celle-ci l’encourageait en lui disant qu’il ne devait point avoir peur de la ruiner, puisque l’étang de l’île du Lok communiquait avec la mer, et que toutes les richesses qu’engloutissaient les naufrages y étaient apportées par un courant magique.

— Sur mon salut, dit Houarn, que le vin avait rendu gai, je ne m’étonne plus si les gens de la côte parlent mal de vous ; les personnes si riches ont toujours des jaloux ; quant à moi, je ne demanderais que la moitié de votre fortune.

— Vous l’aurez si vous voulez, Houarn, dit la fée.

— Comment cela ? demanda-t-il.

— Je suis veuve de mon mari le korandon, reprit-elle, et, si vous me trouvez à votre gré, je deviendrai votre femme.