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dromadaire et un chameau. Puis il retourna au ministère pour y préparer des élections.

Nos littérateurs d’hier et nos savants d’aujourd’hui agissent comme le confident de Charles X : ils ne croient pas déroger en s’occupant du peuple, cet éternel grand enfant, et des traditions qui reflètent son âme. Leurs devanciers n’avaient vu dans les Contes de ma mère l’Oye que des histoires sans valeur, invraisemblables récits placés dans la bouche des vieilles femmes pour l’ébahissement des marmots. Un bon Français, homme de sens et de goût, eut le mérite de réagir, il y a deux cents ans, contre une telle injustice. Tout en opposant le renouveau des modernes aux marmoréennes beautés des anciens, Charles Perrault publiait, de 1694 à 1697, les contes auxquels son nom a été attaché par le peuple reconnaissant. Un courant littéraire se formait vers la même époque dans les salons, chez Mademoiselle, chez la duchesse d’Épernon, chez la marquise de Lambert, chez Mme  Le Camus, et se manifestait par une série d’ouvrages où les femmes excellaient. Après les Bigarrures ingénieuses et les Œuvres meslées, de Mlle  Lhéritier de Villandon, les Contes des fées, par la comtesse de Murat ; après d’autres Contes des fées, par la comtesse d’Aulnoy, les Fées, contes des contes, par Mlle  de la Force. Mlle  Lhéritier, dont la Finette a souvent l’honneur de se voir confondue dans la troupe immortelle où les acteurs en vedette sont le Petit Chaperon rouge et le Petit Poucet, partait en guerre sur les pas de son vieux maître. « Je ne sais, madame, écrivait-elle à la fin des Enchantements de l’éloquence, ce que vous penserez de ce conte ; mais il ne me paroît pas beaucoup plus incroyable que ceux que nous a faits l’ancienne Grèce ; et j’aime autant dire qu’il sortoit des perles et des rubis de la bouche de Blanche, pour désigner les effets de l’éloquence, que de dire qu’il sortoit des éclairs de la bouche de Périclès. Contes pour contes, il me paroît que ceux de l’antiquité gauloise valent bien à peu près ceux de l’antiquité grecque, et les fées ne sont pas moins en droit de faire des prodiges que les dieux de la fable. » Perrault, lui, insistait particu-