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lièrement sur la morale louable et instructive que renferment les contes. Il n’en fallait pas davantage pour réhabiliter aux yeux des littérateurs et des philosophes ces pauvres fées, trop longtemps méconnues. Loin de s’obscurcir, en 1704, par le voisinage des éblouissantes fictions que Scheherazade évoquait dans les Mille et une Nuits, leur prestige soutenait victorieusement la comparaison, et le merveilleux français rebondissait, plus vivace et plus populaire, au contact du merveilleux oriental.

La divulgation des contes adaptés de l’arabe par Galland marque une date importante pour l’étude comme pour la bibliographie des traditions. En rapprochant la littérature orale de peuple à peuple, les Mille et une Nuits dévoilaient un horizon nouveau, où l’anthropologie moderne essaye, plus d’un siècle après, d’apporter la lumière. Vers 1812, deux Allemands, les frères Jacques et Guillaume Grimm, s’avisent qu’il serait intéressant de dresser l’authentique et complet inventaire des souvenirs transmis de génération en génération à travers les âges, et que le chercheur, avide de couleur et de sincérité, puiserait dans le cycle des idées traditionnelles les éléments de sérieuses informations pour la connaissance de l’homme historique, de son origine, de ses migrations, de ses croyances, de sa vie. Moins d’imagination et plus de raison. De ce jour, la science des traditions populaires était née, avec ses aspects documentaires et critiques à la fois ; car il ne s’agit pas seulement de constater les traditions et de les fixer sous une forme exacte, mais d’en établir le prix et l’intérêt. À côté de ce qu’elles sont, ce qu’elles valent : la tradition découverte, en déterminer par voie de comparaison le degré d’originalité, la filiation, la parenté, la race. Double tâche, immense et abstruse en vérité, pour laquelle des milliers de guerriers en lunettes se sont croisés au cri de Folk-lore !

Sitôt éclos, les traditionnistes ont pris à cœur de combler, avec un zèle ardent et rapide, les lacunes laissées par la paresse de leurs aînés ; une contemporaine de Perrault dirait que, pour aller plus vite en besogne, ces néo-