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au bord du lac.

près de moi m’en a nommé tous les plats. Il y avait des confitures servies, du sucre blanc, du sucre rouge, du sucre orangeat, de l’anis, de l’écorce de citron, et du manu-christi. Chaque fois que le roi prenait son gobelet, un huissier criait :

« — Le roi boit.

« Et tous les assistants répétaient : Vive le roi !

« Le même bourgeois qui m’avait nommé les sucreries composant le dessert, m’apprit que le service de la bouche occupait au moins deux cents personnes. Il y a les maîtres-queux, les potagers, les hâteurs, les valets tranchants, les valets de nappe ; puis les sert-l’eau, les tournebroches, les cendriers, les souffleurs, les galopins ! On fait à la cour cinq repas comme dans certains châteaux : le déjeuner d’abord, le repas de dix heures ou décimer, le second décimer, le souper, et enfin le repas de nuit ou collation.

« Mais je m’oublie dans ces détails ; à quoi bon vous parler de toutes ces choses ? Ah ! que n’êtes-vous plutôt ici pour les voir avec moi ! Que ne puis-je conduire Catherine au Palais-Royal, où se vend tout ce qui pare une femme ; à la foire Saint-Laurent, au Landit surtout, où la plaine Saint-Denis est couverte, d’un côté, de livres, de parchemins et d’écoliers ; de l’autre, d’étoffes, d’orfèvrerie, et de tout le beau monde qui habite aux environs de l’hôtel Saint-Paul.

« Pauvre Catherine ! hélas ! je ne la reverrai de longtemps sans doute ; car je suis résolu à poursui-