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Page:Souvestre - Au bord du lac, 1852.djvu/116

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le serf.

vre ici mes études, et à prendre, si je le puis, mes degrés.

« Quoi qu’il arrive, je ne lui dis point de penser à moi ; le cœur de Catherine n’oublie rien. Les affections qui y mûrissent n’en peuvent plus sortir. Qu’elle continue donc à m’aimer comme je l’aime ; car c’est pour elle, c’est pour vous, mon père, que je travaille et que je vis !

« Adieu : pensez à moi dans vos prières, et gardez-vous bien de dire où je suis ; messire Raoul serait capable de me faire saisir ici et ramener à son domaine, dont je fais partie comme les arbres mêmes qui y croissent.

« Puisse Dieu vous prendre dans sa miséricorde, et moi avec vous !

« Jehan. »

Cette lettre une fois écrite et partie, Jehan se trouva plus tranquille, et il se hâta de se présenter aux lieux où se donnaient des leçons, portant comme tous les écoliers, d’une main ses livres, et de l’autre la botte de paille sur laquelle il devait s’asseoir. Mais lorsqu’il voulut entrer, on lui demanda la cédule par laquelle son seigneur l’autorisait à suivre les cours de l’université de Paris. Jehan demeura confus et muet.

— Nul serf ne peut entrer aux écoles sans permission de son seigneur, lui dit le contrôleur chargé d’inscrire les étudiants.

— Ainsi ce n’est pas assez d’être les maîtres de no-