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Page:Souvestre - Au bord du lac, 1852.djvu/117

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au bord du lac.

tre corps, murmura Jehan, il faut qu’ils le soient de notre intelligence.

Et il se retira le cœur gonflé d’amertume.

Un plus long séjour à Paris lui devenait inutile ; il délibérait déjà en lui-même s’il ne retournerait point à son village, quoi qu’il pût lui arriver, lorsqu’un soir les portes de la ville furent fermées avec grande alarme ; toutes les lumières qui brûlaient dans les rues, près des niches des saints, furent éteintes, et l’on donna ordre aux habitants de tenir devant chaque porte un seau d’eau et une chandelle allumée. Les Anglais avaient descendu la Seine et venaient attaquer Paris.

On aperçut au matin les feux de leurs avant-postes ; bientôt le gros de l’armée parut et campa sur les deux rives.

Cependant, tout ce qu’il y avait dans la ville d’hommes de guerre s’était armé ; les bourgeois eux-mêmes accouraient avec de grands cris. On transporta sur les remparts des pierres pour jeter sur les assaillants, et des sacs de terre pour se mettre à l’abri de leurs traits.

Peu à peu la première terreur fit place à la confiance, puis au dédain. On cria qu’il fallait prévenir l’ennemi en l’attaquant dans son camp. On réunit les hommes d’armes ; les plus déterminés bourgeois se joignirent à eux, et une porte fut ouverte pour que la troupe pût marcher aux Anglais.

Jehan, qui avait trouvé une hallebarde perdue dans la confusion, suivit cette troupe.