Page:Souvestre - Au bord du lac, 1852.djvu/171

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
158
au bord du lac.

— De malheur ! répéta le frère Cyrille ; ne voyez-vous pas que c’est un coup du ciel…

Et se ravisant subitement.

— Ah ! fort bien ! ajouta-t-il d’un ton plus sérieux. Je comprends… La réapparition de l’enfant enlève au sire de Flavi ses droits à l’héritage.

— Il faudra voir, reprit Exaudi nos brusquement ; on demandera des preuves.

— Nous en donnerons, répliqua Cyrille avec chaleur ; le signe de la Vierge est pour nous… J’irai avec Remy trouver la dame de Varennes… Seulement, vous ne nous avez pas dit où la trouver.

— Cherchez ! répliqua l’archer en se retirant ; mais, par Satan ! prenez garde de trouver messire de Flavi sur votre chemin.

Le frère Cyrille voulut retenir le soldat ; mais il gagna la porte du couvent, remonta à cheval et disparut en renouvelant son avertissement.

Le moine n’en avait pas besoin pour comprendre les difficultés et les périls que son protégé allait avoir à surmonter ; mais celui-ci n’y songeait point ; tout à son enivrement, il voulait partir sur-le-champ. — J’ai une mère ! Ce cri qu’il avait jeté dans son premier transport de surprise et de ravissement, il le répétait maintenant sans cesse au fond de son cœur. Il n’était plus orphelin, il n’était plus pauvre, il n’était plus obscur ! il pouvait espérer une satisfaction pour les instincts de tendresse et d’activité qu’il sentait en lui ; il prendrait sa place dans la famille des hommes, parmi