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le chevrier de lorraine.

était la plus propre à entretenir celles-ci dans un juste équilibre, et par suite la seule qui convînt véritablement à l’homme.

Après avoir ainsi assaisonné d’aphorismes la frugalité du repas, il allait se jeter avec Remy sur une litière de feuilles étendue le long du mur, lorsque des pas de chevaux retentirent devant le porche. Les femmes effrayées se levèrent, craignant que ce ne fût encore quelque troupe d’aventuriers ; mais les cavaliers qui venaient de mettre pied à terre n’étaient qu’au nombre de cinq, et celui qui marchait à leur tête entra en souhaitant la paix de Dieu aux femmes accourues vers l’entrée. Il s’avança ensuite vers le chœur, s’agenouilla dévotement et se mit à prier.

Remy, qui s’était trouvé sur son passage, n’avait pu retenir un geste de surprise qu’il renouvela en le voyant se relever.

— Connaîtrais-tu ce jeune homme ? demanda le frère Cyrille, qui avait remarqué son mouvement.

— Que Dieu m’éclaire si je suis le jouet de quelque illusion ! répondit le jeune garçon ; mais il me rappelle trait pour trait la paysanne qui m’accueillit il y a un an à Domremy.

— Qui parle de Domremy ? s’écria l’étranger en se retournant vivement.

Et ses yeux ayant rencontré le pupille de Cyrille, ajouta :

— Sur mon salut ! c’est le chevrier que ceux de Marcey voulaient tuer.