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au bord du lac.

fita plus fut un travail dont il eut lui-même l’idée. Il pria Odile de lui prêter son livre d’heures, et de lui désigner à quel endroit se trouvait une prière qu’il savait par cœur. Il étudia la forme des mots un à un, et arriva, au bout de quelques semaines, à les distinguer parfaitement entre eux sans avoir égard à leur place ; il chercha alors ces mêmes mots dans toutes les pages du livre et les reconnut ; puis il les décomposa en syllabes, et trouva qu’il avait un nombre immense de celles-ci à sa disposition, et que pour lire la plupart des mots il n’avait besoin que de les combiner différemment entre elles. Souvent, au milieu de cette étude, le pauvre enfant, déjà brisé par le travail du jour, sentait ses yeux se fermer ; mais, imitant, sans le savoir, un philosophe ancien, il avait fait promettre à la vieille Ridler, qui prolongeait son travail jusqu’à onze heures, de l’éveiller quand elle verrait le sommeil s’emparer de lui.

Un partie de la journée du dimanche était employée de la même manière. Après avoir rempli ses devoirs religieux et fait une promenade, il rentrait à la maison et ne quittait son livre que le soir, pour aller avec Odile passer quelques heures chez des voisines.

Une si courageuse persévérance ne pouvait manquer d’avoir d’heureux et prompts résultats. Vers la fin du printemps, Frédéric lisait très-couramment. Il essaya alors de donner quelques leçons à François qui ne travaillait point dans la même fabrique que