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l’apprenti.

plus parfaits ? Ô mon Dieu ? ne m’abandonnez pas, car vous savez seul tout ce que je dois à cet homme que je veux sauver.

Autant par goût que par nécessité de position, la mécanique était, de toutes les sciences positives, celle dont Frédéric s’était le plus préoccupé ; il avait même dans cette partie des connaissances approfondies : mais la tâche qu’il s’imposait ne demandait-elle que de la science ? Il fallait trouver ce que le hasard seul peut-être avait fait rencontrer à un autre, s’épuiser dans des combinaisons qui pourraient bien le ramener simplement au point de départ ! Mais qu’importaient au courageux jeune homme ? il voulait sauver un homme et il marchait avec ardeur vers son but. Il repoussait tous les doutes, toutes les craintes, comme de mauvaises pensées ; il se sentait fort, car il savait ce que pouvait la volonté contre les obstacles.

Dix nuits se passèrent dans un travail continuel : nuits d’angoisse et de fièvre, pendant lesquelles Frédéric vit s’évanouir plus de vingt fois la solution du problème qu’il se croyait sur le point de saisir. Cependant, tant d’efforts infructueux, tant de cruelles déceptions n’amenèrent point le découragement. Il ne lui restait plus que quelques jours ; mais jusqu’à la dernière heure il voulait espérer, car il puisait ses forces dans cette vertueuse confiance.

Enfin, que vous dirai-je ? il n’y a que les mauvais sentiments qui soient stériles ; les sentiments géné-