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Page:Souvestre - Au bord du lac, 1852.djvu/30

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l’esclave.

trois cents esclaves de Corvinus. Occupé de commerce avant sa captivité, il avait parcouru toutes les mers sur les navires de sa nation, et parlait presque toutes les langues des peuples maritimes.

L’affranchi lui livra le jeune Celte, afin qu’il le fît revêtir d’un costume convenable, et qu’il lui donnât les instructions nécessaires.

Le Carthaginois conduisit l’enfant au logement occupé par les esclaves.

— Quelqu’un t’a-t-il déjà instruit de tes nouveaux devoirs ? lui demanda-t-il.

— Je n’ai reçu que des leçons d’hommes libres, répondit sèchement Arvins.

L’interprète sourit.

— Tu es bien le fils de ces Gaulois qui ne craignent que la chute du ciel, reprit-il ironiquement. Cependant, ici je t’engage à craindre de plus les coups de lanières. Tu sauras d’abord qu’en ta qualité d’esclave, tu n’es pas une personne, mais une chose ; ton maître peut faire de toi ce qu’il lui plaira : te mettre à la chaîne sans raison, te flageller pour se distraire, ou même te faire manger par les murènes de son vivier, comme Vedius Pollion.

— Qu’il use de son droit, dit Arvins.

— Corvinus n’est point méchant, continua le Carthaginois ; c’est un des beaux de Rome, et il a pour principale occupation de se ruiner. Il ne se lève d’habitude qu’à la dixième heure (quatre heures du soir), pour se mettre entre les mains de ses familiers, qui le