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Page:Souvestre - Au bord du lac, 1852.djvu/31

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au bord du lac.

parfument, peignent ses joues avec de l’écume de nitre rouge, et frottent son menton de psilotrum pour lui faire tomber la barbe ; cent cinquante esclaves sont employés ici pour sa seule personne, et ont chacun des fonctions différentes.

— Quelles seront les miennes ? demanda Arvins.

— Tu seras employé à la conduite des chars, répondit l’interprète. Suis-moi ; je vais te montrer ton royaume.

Il conduisit le jeune Celte aux remises, et lui montra les différents chars qui s’y trouvaient à l’abri.

— Voici d’abord, lui dit-il, les petorita, équipages à quatre roues, imités de ceux des Germains, et qui servent au transport des provisions ou des esclaves ; plus loin, les covini, chars couverts dans lesquels le maître sort lorsqu’il pleut. Ces voitures légères, ornées d’ivoire, d’écaille et d’argent ciselé, que tu vois à notre droite, s’appellent rhedæ ; Corvinus s’en sert d’habitude pour les promenades. À notre gauche sont les litières garnies de tapis de Perse et de rideaux de pourpre.

Arvins était émerveillé de tant de magnificence. L’interprète le conduisit aux écuries pavées de lave, dont tous les râteliers étaient de marbre de Luna.

— Les cinquante mules qui sont rangées là, lui dit-il, sont destinées à traîner les chars de Corvinus ; quant aux soixante cheveux que tu vois de l’autre côté, ils servent aux esclaves numides qui précèdent l’équipage du maître lorsqu’il sort. Maintenant que