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au bord du lac.

long et difficile à atteindre ; mais dès ses premières années il avait appris la patience, et il savait qu’il suffit d’attendre pour que le gland devienne un chêne.

Il commença par retrancher de sa nourriture tout ce qui ne lui était pas rigoureusement nécessaire ; il se chargea, pour quelques sesterces, d’une partie du travail des autres esclaves employés comme lui aux équipages, et passa les nuits à fabriquer des armes de son pays, qu’il vendait ensuite aux curieux.

Quant aux perquisitions qui devaient lui faire retrouver Norva, il ne put les continuer longtemps ; car l’été était venu, et son maître partit avec toute sa maison pour la villa qu’il possédait à Baies.

Le voyage se fit en litière, à petites journées. Claudius Corvinus, qui redoutait avec raison les hôtelleries, avait fait bâtir sur la route plusieurs diversoriola, ou lieux de repos. Ils arrivèrent enfin à sa villa, digne en tous points du palais qu’il occupait sur le mont Cœlius.

Arvins, qui avait quitté Rome avec chagrin, se demanda bientôt s’il ne devait point s’en réjouir. Forcé de vivre plus simplement, le maître exigeait moins de service de ses esclaves, et leur laissait plus de temps. Outre les moyens de gain qu’il avait déjà, l’enfant put donc louer quelques heures de sa journée à un jardinier voisin.

Son pécule grossissait ainsi lentement ; mais il grossissait. Chaque soir il regardait les deniers, les quadrans, les as et les sesterces ramassés avec tant de