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au bord du lac.

et fit signe aux hérauts chargés d’annoncer la vente. Ils s’approchèrent d’Arvins et essayèrent de lui arracher les deux mille sesterces ; l’enfant se débattait avec des menaces et des cris de fureur ; mais, trop faible pour résister à des hommes, il fut bientôt dépouillé.

Il se releva couvert de poussière et fou de rage ; ses yeux cherchaient une arme dont il pût se servir. Les hérauts le saisirent en riant, le lancèrent hors de la cour et refermèrent la porte.

Arvins frappa avec fureur sa tête de ses deux poings, comme s’il eût voulu se punir lui-même de son impuissance. Dans ce moment, une main se posa légèrement sur son épaule. Il se détourna ; c’était Nafel.

— Qu’as-tu, enfant ? demanda-t-il.

— Ma mère ! s’écria Arvins, dont la voix étouffée par la colère et les sanglots ne put faire entendre que ce mot.

L’Arménien tâcha de l’apaiser par quelques douces paroles, et lui fit raconter ce qui venait d’arriver.

— Console-toi, dit l’Arménien ; mon pécule à moi n’a point été saisi : il renferme quatre mille sesterces, et je te le donne.

Arvins recula de surprise, n’osant en croire ses oreilles.

— Viens, ajouta Nafel : je l’ai déposé chez un frère de la voie Suburane ; nous allons le lui redemander.