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l’esclave.

Le jeune Celte voulut balbutier un remerciement ; mais l’Arménien lui imposa silence.

— Le service que l’on peut rendre retourne bien plus au profit du bienfaiteur que de l’obligé, dit-il ; car celui-ci ne reçoit qu’un secours terrestre et passager ; tandis que l’autre acquiert un droit à des félicités éternelles ; ne me remercie donc pas et suis-moi.

Tous deux se rendirent chez le dépositaire ; mais il était absent ; il fallut attendre assez longtemps. L’angoisse d’Arvins était horrible ; il tremblait d’arriver trop tard.

Enfin, le juif qui gardait le pécule de Nafel rentra. Les quatre mille sesterces furent livrés au jeune Celte, qui se dirigea, en courant, vers la demeure de Métella.

En passant devant la basilique de Julia, il leva la tête ; le clepsydre marquait la quatrième heure ! Arvins se sentit froid jusqu’au cœur. Il reprit sa course d’un élan désespéré, traversa le Forum, et aperçut enfin la porte de Métella.

Au moment où il en atteignait le seuil, un cri horrible retentit. L’enfant s’appuya au mur en chancelant.

— Tu arrives trop tard, dit Morgan, qui l’attendait à l’entrée.

— Où est ma mère… où est-elle ? cria Arvins.

Le vieux Celte le prit par la main sans répondre, et l’entraîna vers la cour.