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l’esclave.

qu’une longue maladie. Penché sur la couche de Norva, il observait d’un œil épouvanté chacun de ses mouvements, interrogeait sa pâleur, écoutait sa respiration haletante.

Tout à coup elle étendit les bras, et fit un effort pour se redresser.

— Arvins ! balbutia-t-elle ; où es-tu ?… Tes mains, je ne sens plus tes mains. Oh ! serre-moi sur ton cœur… Ne me quitte pas, Arvins… Pauvre enfant…

Sa tête retomba sur l’épaule de son fils. Il y eut un instant de terrible silence… Arvins éperdu n’osait regarder.

— Ma mère ! répéta-t-il enfin d’une voix étranglée.

— Elle a rejoint Menru, murmura Morgan.

L’enfant releva brusquement la tête de Norva ; mais cette tête retomba en arrière insensible et inanimée. Il était orphelin !

Nous n’essayerons point de dire son désespoir. Dans le premier instant, il effraya Morgan lui-même. L’enfant avait éprouvé depuis la veille tant d’émotions que ses forces étaient épuisées. Un fièvre brûlante le dévorait ; il sentit sa tête s’égarer, et pendant quelques heures sa douleur fut du délire. Enfin l’épuisement ramena un peu de calme dans son âme.

Morgan, qui ne l’avait point quitté, en profita pour le rappeler au courage.

— Ils ont tué ta mère, dit-il à voix basse ; la pleurer est inutile ; songeons plutôt à la venger.

— La venger ! répéta Arvins. Ah ! que faut-il faire ?