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au bord du lac.

— Retrouver des forces pour me suivre quand le moment sera venu.

Le jeune Celte se leva d’un bond.

— Allons ! dit-il.

— Il faut encore attendre, répondit le vieillard ; mais ne crains rien : pour être retardée, la vengeance n’en sera pas moins terrible.

Il développa alors à Arvins le plan des esclaves. C’était à Rome même que la révolte devait éclater. L’ordre était de livrer la ville aux flammes, et d’égorger tout ce que le feu aurait épargné.

L’enfant écouta avec une joie farouche ces détails qui promettaient une pleine satisfaction à sa haine. Élevé dans les idées de sa nation, il croyait fermement que ces sanglants sacrifices devaient réjouir les mânes de Norva. Faire couler le sang romain, c’était donc prouver sa tendresse à la morte ; il ne voyait pas dans la vengeance une joie personnelle, mais un devoir et une sainte expiation !

La pensée de satisfaire ainsi aux mânes de sa mère lui rendit des forces ; il refoula en lui sa douleur et attendit avec impatience le signal.

Il fut enfin donné ; les esclaves s’élancèrent sur le Forum des torches à la main ; mais les consuls avaient été avertis ; des mesures étaient prises, et les révoltés se virent presque aussitôt entourés.

La plupart jetèrent leurs armes et cherchèrent leur salut dans la fuite. Quelques Germains et quelques Celtes, parmi lesquels se trouvaient Morgan et Arvins,