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Page:Souvestre - Au bord du lac, 1852.djvu/77

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au bord du lac.

vait point l’ordre immédiat du seigneur. C’était un débiteur, non un valet.

Beaucoup de serfs, enrichis par leur travail, avaient fini par se racheter, et de là était venue la bourgeoisie. Cette dernière, vassale du roi ou d’un autre seigneur, c’est-à-dire soumise à certains hommages et à certaines redevances, tendait à s’émanciper chaque jour, et formait déjà ce tiers-état ou troisième état qui devait un jour primer les deux autres. Au quinzième siècle, où se passe notre histoire, la puissance des communes ou réunions de bourgeois commençait déjà à devenir redoutable, et toute l’ambition du serf était d’en faire partie. Le clergé, qui avait favorisé les premiers affranchissements, continuait à travailler à la destruction du servage, en prenant le parti du faible contre le fort et proclamant l’égalité des hommes devant Dieu ; mais la noblesse, de son côté, qui sentait que la domination lui échappait, était devenue plus jalouse de ses droits, et employait tour à tour, pour les maintenir, l’extrême indulgence ou l’excessive sévérité. Bien que le système féodal fût menacé, il était donc encore entier, et d’autant plus visible qu’il se trouvait en face d’un nouvel ordre de choses.

Ainsi, pour nous résumer, la nation comprenait alors quatre classes distinctes : les nobles, les religieux, les bourgeois, et les serfs. Au dessus de tout était la puissance royale, qui grandissait chaque jour au détriment des seigneurs.

Cependant ces derniers avaient conservé leurs droits