Page:Souvestre - Le Monde tel qu’il sera, 1846.djvu/217

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— Dites plutôt le malheureux. Vous pouvez lui réclamer ce que la loi appelle une prime de consolation ; quelques centaines de mille francs.

— Avec lesquels je ferai perfectionner le télescope ! s’écria M. de l’Empyrée ; vous avez raison : je veux profiler de mes avantages. Messieurs, vous venez tous de voir l’insulte ; vous allez me suivre au parquet pour en rendre témoignage.

Il s’était levé en cherchant sa canne et son chapeau. Maurice voulut en vain l’apaiser ; l’idée des dommages et intérêts s’était emparée du savant. Il calculait d’avance tous les perfectionnements qu’il pourrait apporter à ses moyens d’exploration. Grâce à l’argent du ministre des cultes, il était sûr de savoir au juste, avant trois mois, si les maris de la lune avaient droit aux mêmes primes de consolation que ceux de la terre.

Ses visiteurs auraient été obligés de le suivre au palais de justice, où devait être reçue sa déclaration, si M. Atout ne se fût, tout à coup, rappelé la grande réunion annuelle de l’Institut de Sans-Pair, dont tous deux étaient membres, et qui avait lieu le matin même. Il ne restait que le temps nécessaire pour s’y rendre. M. de l’Empyrée se résigna donc à ajourner sa dénonciation, et accepta une place dans la voiture de l’académicien, tandis que Maurice et Marthe les suivaient dans le coupé volant de Blaguefort.

Ce dernier, qui avait remarqué le trouble des deux époux au moment de la découverte faite par l’astronome, prit soin de les rassurer.

— Nous ne sommes plus, dit-il, au temps où le mari trompé demandait la condamnation ou le sang du séducteur ; aujourd’hui, il se contente de sa bourse. La trahison d’une