Il est interrompu dans l’expression de ces vérités physiques par le bruit du canon; il tressaille, il a reconnu le canon français,
Le soudan arrive en effet tout troublé; la ville est assiégée et va être prise si Kléber n’ordonne à son armée de se retirer. Kléber refuse, malgré les menaces de mort du Soudan ; mais au milieu de leurs débats arrive le grand aigle chauve, qui dépose à leurs pieds Astarbé, toujours dans son burnous !
La fille d’Achmet s’élance dans les bras du général français, et déclare qu’elle veut mourir avec lui. La querelle recommence et s’envenime ; on en vient à se tutoyer.
Tremble !
dit Kléber ;
Tremble !
ajoute Astarbé ;
Tremblez !
répond le soudan.
Et comme on vient l’avertir que les Français sont déjà maîtres de la ville, il tire son épée pour frapper les deux amants. Alors Kléber court à la fenêtre de la prison, arrache un des barreaux de fer, et tous les Égyptiens prennent la fuite.
Mais à travers le guichet de la porte refermée, le soudan lui répète son terrible :
Tremblez !
et ajoute, en s’adressant à ses esclaves :
Ni pitié ni pardon ! Les serpents !
Et les esclaves répondent d’un seul cri :
Les serpents !
Astarbé, épouvantée, se réfugie dans les bras de Kléber,