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Page:Souvestre - Le Monde tel qu’il sera, 1846.djvu/30

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« Je viens parmi vous, messieurs, pour m’échauffer au soleil de la civilisation qui ne brille nulle part ailleurs aussi éclatant !… »

(Bruyants applaudissements.)

« Pour admirer les miracles opérés par une nation intelligente et généreuse… »

(Applaudissements plus bruyants).

« Pour rendre hommage à un pays que l’on pourrait appeler la patrie de toutes les gloires ! »

(Applaudissements prolongés.)

« Enfin, pour jouir de cette noble alliance de l’ordre et de la liberté, réalisée par le plus grand peuple du monde. »

(Tonnerre d’applaudissements : plusieurs voix crient : — Vivent les morts parisiens !)

Il fallut quelques instants pour apaiser l’émotion produite par l’éloquente improvisation de Maurice ; les habitants de l’île du Noir-Animal ne pouvaient cacher leur surprise de trouver dans un barbare, enterré depuis onze siècles, cette élévation de pensée et cette justesse d’appréciation. Les auditeurs les plus instruits croyaient reconnaître, dans le langage du jeune homme, un ancien président de congrès provincial, ou, pour le moins, un secrétaire de société philanthropique, conservé par la méthode de M. Gannal. Enfin, quand le silence fut rétabli, M. Omnivore, qui voulait répliquer dignement au discours de son hôte, s’avança avec gravité, toussa trois fois, afin de recueillir ses idées, et dit, avec un accent franc-anglo-tudesque :

« Monsieur,

« En réponse au vôtre du présent jour, je m’empresse de vous faire savoir que la maison Omnivore et compagnie se