grand nombre chez Mme Facile. Chacun d’eux avait une spécialité qui le recommandait dans le monde élégant. C’était ou le jeu, ou les meutes, ou les chevaux, ou les maîtresses. Ce qui, du reste, ne les empêchait pas d’avoir des occupations sérieuses, telles que la savatte, le bâton et l’entraînement des chevaux.
Maurice en remarqua un auquel tout le monde semblait témoigner une déférence particulière.
— C’est le comte de Mortifer, dit le journaliste ; le plus redoutable spadassin de toute la république. Il tue presque toujours son adversaire, aussi a-t-on pour lui une haute considération. On lui passe ses impertinences, et l’on souffre ses sottises sans avoir l’air d’y prendre garde, de peur qu’il ne vous en demande raison.
Dans ce moment, le comte se détourna et vint à la rencontre de Prétorien.
— Eh bien, vous savez la nouvelle ? dit-il sans saluer ; ce drôle de Format vient de présenter à la chambre une proposition de loi contre les duels !
— C’est une précaution personnelle, fit observer le journaliste.
— Moi, je dis que c’est une insulte, reprit Mortifer, qui serrait les lèvres ; la proposition est évidemment dirigée contre moi, et je pourrais demander raison…
— À un procureur ? il vous répondra par une fin de non-recevoir.
— Et vous laisserez passer une pareille loi ? continua le comte en s’adressant à Banqman, qui venait de s’approcher ; une loi condamnant à l’amende quiconque tue un homme !
— Avez-vous peur d’être ruiné ? demanda l’industriel en riant.