Page:Souvestre - Le Monde tel qu’il sera, 1846.djvu/46

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et d’adresses, d’autres tenaient des plateaux couverts de rafraîchissements, qu’ils voulaient leur faire accepter ; quelques restaurateurs portaient d’immenses fourchettes garnies de volailles rôties, de côtelettes et de jambonneaux, qu’ils promenaient, au-dessus de la foule, comme un prospectus de leurs établissements. Il y avait, en outre, les brosseurs, les cireurs, les indicateurs, les porteurs, tous également acharnés à vous rendre service. Maurice n’avait pas fait six pas, qu’il s’était vu forcé d’accepter deux verres de limonade, et de livrer à trois commissionnaires sa canne, son foulard et son chapeau.

M. Atout lui faisait admirer cet empressement hospitalier, cette multiplicité de soins, cette abondance.

— Voyez, s’écriait-il, les bienfaits de la civilisation ! Une population entière est aux ordres de chacun de nous ; toutes les productions du monde viennent, pour ainsi dire, à notre rencontre ; nous arrivons à peine, et déjà nos moindres besoins ont été prévenus ; rien ne nous a manqué !

Rien ne manquait, en effet, à Marthe et à Maurice, que de pouvoir respirer. Ils se réfugièrent dans la première hôtellerie qu’ils aperçurent, comme dans un lieu d’asile.

À la porte, se tenait un concierge, portant hallebarde, qui leur fit trois saluts et les remit à un huissier à chaîne d’or, par lequel ils furent conduits à un valet de pied, chargé d’ouvrir le salon.

C’était une immense galerie, dont le premier aspect éblouit les deux jeunes gens. Leur conducteur s’en aperçut et sourit.

— Vous voyez, dit-il, le triomphe de l’industrie ; rien de ce que vous apercevez ici n’est ce qu’il paraît. Cette colonnade de marbre sculpté n’est que de la terre cuite ; cette