Page:Souvestre - Le Monde tel qu’il sera, 1859.djvu/33

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ger sans distractions, en dormant ou en pensant à ses affaires. Au lieu du soleil, tantôt éblouissant, tantôt obscurci, on a Féclairage unifornne des lampes de voyage ; plus de curieux qui vous regardent passer, plus d’appel de marchands, plus de bruit de ville ; on voyage aussi tranquille qu’un ballot. »

Il montra ensuite à ses deux compagnons les routes souterraines, dont les ouvertures apparaissaient au penchant de la colline comme autant de gueules de fournaises. D’immenses pelles, mises en mouvement par les machines, y engouffraient sans cesse ou en retiraient des trains de wagons fumants. On entendait, au sein de la montagne, mille roulements, mêlés aux froissements du fer et aux sifflements de la flamme.

En s’enfonçant dans un de ces conduits sinistres, Marthe ne put retenir un cri, et chercha la main de Maurice. L’académicien, après l’avoir réprimandée assez aigrement, entreprit de lui démontrer que les chemins souterrains étaient non-seulement les plus commodes, mais les plus sûrs. Il lui énuméra pour cela le nombre de gens tués chaque année par les différents modes de locomotion ; il y ajouta le nombre des estropiés, puis le nombre des blessés ; il détailla l’espèce de blessures et leurs gravités ; enfin il additionna le tout, fit une règle de proportion, et arriva à prouver que les routes souterraines ne faisaient par année que treize cents victimes et une fraction !

Cette démonstration changea l’inquiétude de Marthe en effroi.

M. Atout passa alors aux détails. Il fit observer à la jeune femme qu’elle se trouvait à l’abri de tous les me-