Page:Souvestre - Le Monde tel qu’il sera, 1859.djvu/34

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nus accidents que l’on pouvait craindre sur les autres chemins. Elle n’était exposée ni aux courants d’air, ni aux coups de soleil, ni à la poussière, ni au vent, ni aux émanations marécageuses, ni aux impertinences des passants ; elle n’était absolument exposée qu’à être tuée.

L’effroi de Marthe devint de l’épouvante. Heureusement que, dans ce moment, le bras de Maurice l’enveloppa doucement ; elle se laissa aller à demi sur la poitrine du jeune homme, et, en sentant son cœur battre largement et paisiblement sous le sien, la peur s’envola ; le calme de celui qu’elle aimait se communiqua à tout son être ; elle ferma les yeux souriante et enivrée.

M. Atout, persuadé qu’elle méditait ses raisonnements, admira les résultats de la statistique, et passa de la justification des différents véhicules nouvellement inventés à l’énumération de leurs avantages.

Il constata que, vu la rapidité moyenne de la locomotion, il ne fallait plus maintenant que deux heures pour aller chercher son sucre au Brésil, trois pour acheter son thé à Canton, quatre pour choisir son café à Moka. On voyageait même plus loin au besoin. Madame Atout avait son marchand de nouveautés à Bagdad, sa modiste à Tambouctou, et son fourreur au pôle nord, trois portes plus bas que le cercle arctique.

L’académicien démontra par des chiffres les immenses résultats sociaux de ces perfectionnements dans les voies de communication. Il prouva qu’en ajoutant à la vie des hommes de l’an trois mille toutes les heures gagnées par cette rapidité de transport, la durée moyenne de leur existence représentait cent vingt-cinq ans… plus