Page:Souvestre - Le Monde tel qu’il sera, 1859.djvu/51

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Il déploya la lettre et en retira une feuille autographiée qui contenait ce qui suit :

Télégraphes trans-aériens. — Aux personnes qui ont des fonds à placer. — Capital social : dix millions. — Bénéfice assuré : dix milliards.

« Un événement qui surpasse en importance tous ceux qui ont renouvelé, jusqu’à ce jour, la face de la terre, vient de se produire au milieu de nous. Un de nos savants a subitement découvert un monde inconnu jusqu’à lui. Ce monde, c’est la lune !

« Une société s’est aussitôt formée pour l’exploitation de cette nouvelle conquête, dont il ne reste plus qu’à s’emparer. Toutes les mesures sont déjà prises pour la construction des télégraphes trans-aériens, qui doivent nous mettre en rapport avec la population lunaire, et faciliter, peu après, l’établissement d’une grande ligne de communication, construite à frais communs.

« Il résulte des observations faites par M. de l’Empyrée que la lune renferme des valeurs incalculables en carrières d’ardoises, terre à briques, gisements de granit, bancs de sable propres à bâtir, etc., etc., etc., etc. L’imagination recule devant les bénéfices que l’exploitation de pareilles richesses peut procurer. Aussi ne ferons-nous aucune promesse aux actionnaires : les plus modestes paraîtraient exagérées. Nous les avertirons seulement que, d’après des calculs exacts et consciencieux, l’intérêt de l’argent placé dans notre entreprise devra être, en terme moyen, de cinquante mille pour cent !