Page:Souvestre - Le Monde tel qu’il sera, 1859.djvu/69

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tâtons, et allait y entrer, lorsque sa main, posée au hasard, rencontra un ressort qui céda.

Aussitôt un grincement de roues se fit entendre, et le lit, brusquement enlevé, disparut dans la muraille.

Maurice demeura quelques instants un bras étendu et le pied en avant, dans la position du gladiateur victorieux ! Cependant, comme l’attitude était peu commode pour dormir, il se redressa en envoyant au diable les inventions mécaniques, et se mit à chercher le ressort qui devait faire reparaître son lit évanoui.

Malheureusement l’obscurité ne lui permettait point de distinguer les objets. Ses mains tâtaient le mur sans rien rencontrer ; enfin, l’une d’elles s’arrêta sur un bouton qu’elle tourna… Un jet d’eau glacée lui frappa le visage ! Il se rejeta vivement en arrière, et alla heurter la cloison voisine. Le parquet fléchit à l’instant sous ses pieds, avec un sifflement de poulies, et il se sentit descendre !

Il n’eut que le temps de pousser un cri de saisissement, aussitôt comprimé, car la lumière venait de succéder aux ténèbres : il se trouvait dans le boudoir de madame Atout. Seulement, au lieu d’entrer horizontalement par la porte, il était arrivé perpendiculairement par le plafond !

Son regard s’arrêta d’abord sur une forme élégante et demi-nue, devant laquelle il s’inclina en murmurant des excuses embarrassées ; mais au cri poussé derrière lui, il retourna la tête, et aperçut la véritable propriétaire du boudoir, dans un costume abrégé, que le plus correct des poètes français appelle un simple appareil. Au mouvement de Maurice, madame Atout (car c’était