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Page:Souvestre - Le Monde tel qu’il sera, 1859.djvu/70

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elle) jeta un second cri, et prit la position de la Vénus pudique. Le jeune homme détourna la tête avec une discrétion empressée. La perspective ostéologique dont son œil venait d’être heurté avait éveillé chez lui une chaste épouvante. Il s’efforça d’allonger modestement le vêtement indispensable qui lui tenait lieu de tous ceux qui lui manquaient, et voulut commencer un discours de justification.

Mais à quoi tient, hélas ! l’inspiration des plus éloquents ! C’était la première fois que Maurice parlait à son auditeur le dos tourné, et cette position inusitée lui enleva subitement toute sa liberté d’esprit. Il chercha en vain, dans sa situation même, la matière d’un exorde par insinuation ; son intelligence rebelle ne lui fournit que les réminiscences classiques du discours de Télémaque à Calypso.

« O vous, qui que vous soyez, mortelle ou déesse ! bien qu’à vous voir on ne puisse vous prendre que pour une divinité… »

Le bruit d’une porte brusquement refermée l’interrompit, il se retourna ; la déesse avait disparu, et il entendit que, par prudence, elle tirait sur lui les verrous. Cette fuite soudaine le dispensait de plus longs frais d’éloquence ; évidemment on lui abandonnait la place. Craignant quelque nouvelle aventure, il se décida à y rester et à prendre possession du lit de repos qui occupait le fond du boudoir.

Ce dernier était entouré de glaces mobiles qui permettaient d’étudier tous les gestes et toutes les attitudes. Grâce à leurs inclinaisons combinées, on pouvait s’y voir de dos, de face, de trois quarts, de profil. Chacun