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dont on discutait le nom. Enfin, le docteur et M. Atout, n’ayant pu s’entendre, s’en allèrent chacun de leur côté, bien décidés à écrire un mémoire sur la question. Quant à milady Ennui, scandalisée des grimaces de son héritier, elle avait passé outre avec ses deux hôtes, et s’occupait à leur faire remarquer la grandeur opulente de tout ce qui les entourait.

Les murs étaient tapissés de nattes précieusement travaillées, les plafonds chargés de moulures ciselées, les fenêtres ornées de rideaux de soie à crépines d’or. On avait garni les cases des nourrissons de tapis moelleux ; les numéros brillaient sur des plaques émaillées ; de larges ventilateurs de gaze rayée d’argent renouvelaient sans cesse l’air des galeries ; l’industrie avait, en un mot, épuisé son luxe et sa prévoyance en faveur des nouveau-nés ; il ne leur manquait absolument que des mères.

À la suite des salles d’allaitement se trouvait le second établissement, destiné au sevrage. On y recevait les enfants de quinze mois, et ils étaient soumis, dès lors, à une combinaison d’exercices destinés au perfectionnement des organes. Il y avait un appareil pour leur apprendre à voir, un second pour leur enseigner à entendre, d’autres encore pour les habituer à déguster, à sentir, à respirer.

« De votre temps, dit M. Atout à Maurice, l’enfant était abandonné à lui-même ; il se servait de ses poumons, sans savoir comment ; il agissait sans apprentissage ; il s’exerçait à vivre en vivant ! Méthode barbare, que l’absence des lumières pouvait seule justifier. Aujourd’hui nous avons amélioré tout cela. L’espèce