Page:Souvestre - Le Monde tel qu’il sera, 1859.djvu/92

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M. Atout ne manqua point de faire remarquer à Maurice les avantages de cette méthode débarrassée de toute donnée philosophique, et grâce à laquelle il suffisait de penser à deux choses pour s’en rappeler une.

Il le conduisit ensuite au cours de géographie, où la terre avait été figurée en relief, afin que les élèves pussent se faire une idée plus exacte de sa beauté et de sa grandeur. Les montagnes y étaient représentées par des taupinières, les fleuves par des tubes de baromètre, et les forêts vierges par des semis de cresson étiquetés. On y voyait la représentation des villes en carton, et de petits volcans de fer-blanc, au fond desquels fumaient des veilleuses sans mèches.

Une salle voisine contenait tout le système planétaire, en taffetas gommé, et mis en mouvement par une machine à vapeur de la force de deux ânes. Il avait seulement été impossible de conserver aux différents corps célestes leur dimension proportionnelle, leurs distances respectives et leurs mouvements réels ; mais les élèves, avertis de ces légères imperfections, n’en étaient pas moins aidés à comprendre ce qui était, par la représentation de ce qui n’était pas.

Un musée général complétait ces moyens d’instruction du grand collège de Sans-Pair. On y avait réuni des échantillons de toutes les productions naturelles et de toutes les industries humaines. Ce que l’enfant n’apprenait autrefois qu’en vivant et par l’usage lui était ainsi artificiellement enseigné ; il avait sous la main la création entière par cases numérotées. On lui montrait un échantillon de l’Océan dans une carafe, la chute du Niagara dans un fragment de rocher, les mines d’or de l’Améri-