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Page:Souvestre - Les Derniers Bretons (tome 1), 1836.djvu/140

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les derniers bretons.

pression ; mais pour moi, autant un bal du grand monde me trouble, m’enfièvre, autant ces fêtes au grand air me rafraichissent le sang. Comme d’autres, j’ai éprouvé le charme voluptueux des danses de la ville, j’ai bu avec avidité cette atmosphère de parfums et d’haleines de femmes qui enivre de désirs ; mais ce délire passager, cette ivresse d’opium m’a toujours laissé un vide, un malaise du corps et de l’âme, une sorte d’ennui profond et triste : mais la danse du village ! la danse en plein vent, avec l’air salé des grèves à respirer à pleine poitrine ! Oh ! quelle différence ! cela est si pur, si gai, si bienfaisant ! Là rien de l’air dévorant des salons ; plus de robes de soie dont le frôlement brûle ; plus de voix qui s’insinuent à l’oreille et coulent de là jusqu’au cœur ; plus de mains satinées que l’on n’effleure qu’en tremblant ! Le ciel,