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Page:Souvestre - Les Derniers Bretons (tome 1), 1836.djvu/243

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la bretagne et les bretons.

de ces malheureux était sublime. Pas une plainte n’était proférée, pas un vol ne fut commis, pas une demande impérieuse ne fut faite. Souvent une douzaine d’hommes mourant de faim et le pen-bas à la main, en passant devant une maison isolée, que gardait une vieille ou un enfant, s’avançaient timidement sur le seuil, et demandaient un morceau de pain pour l’amour de Dieu. S’ils essuyaient un refus, ils continuaient leur route sans murmures, sans menaces ; et pourtant les refus étaient fréquens, surtout dans les villes. À cette époque les partis politiques étaient encore en présence, tout préoccupés de leur lutte de la veille ; on se battait en duel pour des œillets rouges ou des violettes portés à la boutonnière ; on intriguait pour des invitations de bal, on colportait mystérieusement les chansons en faveur de l’Empereur, et tant de sérieux dé-