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Page:Souvestre - Les Derniers Bretons (tome 1), 1836.djvu/242

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les derniers bretons.

les fécondes plaines du Léonais, terres bénies que ne frappe jamais le souffle de Dieu. Il y eut, en 1816, une émigration de ce genre de la moitié des populations des chaînes de l’Arès. On les voyait descendre par centaines le long des montagnes, et puis déborder dans nos campagnes et nos villes ; hommes, femmes, enfans, tous pâles de faim, et chantant d’une voix lugubre les complaintes de la Cornouaille. Cette irruption d’hommes à besaces et à chapelets fut quelque chose d’impossible à peindre ; c’était à faire dresser les cheveux de terreur et à mouiller les yeux de pitié. À voir ces bandes déguenillées et chantantes couvrir toutes les routes, le bâton de voyage à la main, priant et demandant l’aumône, on eût dit quelque tribu dispersée par la conquête, et cherchant en un coin du monde une terre à cultiver et une place au soleil. La résignation